30 mars 2008
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11:42
En parlant de changement (ski nordique > ski de fond)…
Si certain(e)s d'entre vous se lamentent de ne plus pouvoir entrer dans leurs vieux Jeans, laissez tomber les diététiciens et
inscrivez-vous dès maintenant pour m'accompagner dans ma prochaine balade. Si la balance dit juste et si je n'ai pas repris du poids au chalet, je me suis allégé de… 11 kg !
C'est moins que Pulkinouchouchinette, mais quand même, c'est bien agréable.
Dans la série "perte de poids", il faut que je vous dise qu'après mon dernier message envoyé depuis Tankavaara, j'ai passé une très mauvaise nuit.
Oh, pas du tout à cause de la lecture de vos commentaires ;o) mais parce qu'une dent de sagesse qui m'avait déjà taquiné par le passé s'est rappelée à mon bon souvenir le dernier soir de ma balade près du feu. Au cours de ma dernière demi-journée de ski, pas trop de problème et je n'y pensais pratiquement plus en envoyant mes messages. Mais une fois couché… Ouillouillouille !
Ce n'était pas comme une carie, sensible au froid ou au chaud, mais une douleur sourde, sensible à la pression et permanente qui, telle la houle, venait cogner régulièrement la base de ma falaise nerveuse. Cela me rappelait le fort douloureux abcès que j'avais eu il y a quelques années sous une molaire mal soignée pendant mon service militaire. Ça pouvait passer tout seul, mais ce n'étais pas guaranti. Un 2e cachet de paracétamol m'a permis de dormir tant bien que mal quelques heures mais j'ai dû remettre ça en cours de nuit.
Le lendemain, l'attente du bus dans l'air frais du matin (-16°C) m'a fait du bien, mais le voyage jusqu'à Rovaniemi fut un cauchemar. Autant dire que j'ai peu profité du paysage ensoleillé, des arbres couverts de givre, des lacs, des rivières fumantes, des collines boisées… Pareil entre Rovaniemi et Tornio à la frontière entre la Finlande et la Suède.
Deux heures d'attente après avoir passé la frontière à pied (800 m entre les deux gares routières qui m'ont fait gagner une journée de bus) et j'ai repris un 3e bus pour Luleå. Là, surprise, je suis tombé sur un fort sympathique chauffeur qui ne parlait pas Anglais (ceux de Finlande non plus) mais parfaitement le… Français !
Fehmi, Tunisien d'origine, marié à une Finlandaise, m'a fait la conversation pendant presque tout le voyage, ce qui m'a fait un bien fou, me permettant de ne plus penser qu'à la douleur (Grand merci et amical salut à toi Fehmi si tu passes par ici :o).
À Luleå, il m'a laissé à l'arrêt le plus proche du garage où j'ai retrouvé ma voiture qui a démarré au 2e tour de clé. Super, mais je n'étais plus en état de m'en réjouir.
Le temps de charger la pulka qui était restée dans la neige devant la loge du gardien (je n'avais pas voulu tester sa capacité à glisser sur le béton ;o) et je me suis retrouvé complètement abruti au volant de ma voiture glacée, dans une ville mal connue envahie de neige, de nuit, avec une heure de décalage horaire, ne sachant où dormir (pas question de retourner à cette antipathique auberge de jeunesse), avec une terrible rage de dent (qui avait quand même eu le bon goût de ne pas se déclencher plus tôt !!!! C'était ma seule consolation !) et à peine un jour et demi après être sorti de la forêt et de l'isolement des derniers jours. Quel choc !
Épuisé, je me suis rendu à la gare espérant pouvoir dormir sur le parking (payant, limité à quelques heures - raté), puis, au hasard des rues, sur un parking d'une zone de bureaux (non payant, mais isolé et éclairé par d'agressifs projecteurs… encore raté), puis, toujours au hasard, dans une petite rue calme entre des petites maisons chaleureuses et… le cimetière (Bof). Assis comme un zombie devant le volant de cet engin roulant, je me sentais absolument comme un poisson posé sur la table à côté de son bocal. Comme la voiture était toujours froide (-6°C dehors), j'ai finalement pris la décision de quitter momentanément mais au plus vite cette ville, de rouler un peu pour chauffer l'habitacle et de revenir éventuellement le lendemain si ma dent n'allait pas mieux.
J'ai pris la route du retour vers le Sud sur une chaussée rendue très glissante par une fine couche de neige recouvrant du verglas frais et après quelques kilomètres, j'ai trouvé une pancarte salutaire indiquant une possibilité de logement à Sundet (petits groupes de maisons non loin de la ville). Avec ma dent qui me faisait de plus en plus mal j'avais besoin d'un minimum de confort et cette possibilité de dormir au chaud m'a un peu redonné de l'énergie.
Mais il était déjà 20:00 et personne n'a répondu aux sonnettes que j'ai finalement trouvé aux portes de maisons chaudement éclairées.
J'y fini par me résoudre à repartir et ai garé ma voiture sur la petite route enneigée qui conduit à Sundet. D'abord manger, pour avoir les idées plus claires. À ce moment, est arrivé sur la route, à pied, un gars. Il parlait Anglais. Après interrogation il m'a dit "Oh oui, bien sûr on peut dormir à Sundet, mais il est trop tard !…" Comme j'insistais, il a quand même téléphoné au "responsable" et, après bien des palabres, m'a dit gêné que, effectivement, c'était trop tard pour avoir une chambre (incroyable), mais qu'il y avait une solution : si je retournais en ville, repassais le pond, après le feu, je trouverais un bâtiment… là, je l'ai arrêté tout de suite car j'avais compris, j'étais tombé sur l'équipe qui gère la pseudo auberge de jeunesse et le "responsable" qui venait de me "laisser à la rue en plein hiver avec une rage de dent" devait être ce type fort antipathique que j'avais rencontré à l'aller ! Pas question de fréquenter à nouveau ces charmantes personnes et de leur donner un centime de SEK de plus. Le gars est reparti vers son hameau, sorte de lieu communautaire à mi-chemin entre une secte et une colonie de vacances, me laissant avec mes problèmes.
Après avoir quand même avalé un bout de pain mou avec une sorte de crème de crustacés (les seules choses que je pouvais absorber) et bu un peu, je me suis senti mieux, l'endroit était calme et plat, la voiture enfin chaude et j'avais retrouvé le réconfort de la forêt (Curieux n'est-ce pas ? Beaucoup diraient sans doute "après la forêt, j'avais retrouvé le réconfort de la ville", mais je vous assure que ce fut vraiment l'inverse pour moi). J'ai donc décidé de rester là, à 200 m de ce lieu si accueillant, autant parce que l'endroit était finalement plaisant que pour que l'équipe charitable de Sundet voit bien ma voiture demain matin en passant sur leur route après une bonne nuit passée dans des draps chauds.
Deux cachets avant de dormir puis deux autres au milieu de la nuit m'ont permis de dormir un peu. J'ai quand même écrit dans mon carnet :
J'ai finalement redormi jusqu'à huit heures et vers dix heures suis retourné à Luleå.
Je passe sur les détails mais j'ai finalement trouvé l'adresse d'une amie francophone de Bernadette qui pourrait sans doute m'aider à trouver un dentiste. Malheureusement elle n'était pas chez elle. Je me suis donc débrouillé (là aussi, ça mériterait tout un récit) pour finalement trouver un centre de soins dentaires (d'État) où j'ai eu un rendez-vous pour 13:00, l'après midi même. Grâce au paracétamol, j'ai même réussi à dormir un peu après mon "repas en tube", sur un parking à côté du centre.
12:40 Brossage des dents en douceur, nouveau paracétamol.
12:50 Salle d'attente.
13:20 C'est enfin mon tour.
J'ai tiré un bon lot à cette loterie dentaire où travaillent une bonne dizaine de dentistes : une jeune dentiste parfaitement charmante, efficace et anglophone et son assistante tout aussi prévenante. Première chose, expliquer mon histoire et mon périple à ski pour justifier mon allure de vagabond au pantalon usé et sale. Aucun problème !
Une radio et quelques minutes plus tard, le verdict tombe : infection sous la dent de sagesse dévitalisée, au niveau d'un pivot dans une racine fendue (je ne m'étais pas trompé concernant l'abcès). Solution possible et fortement conseillée : l'extraction !
J'ai dit oui tout de suite et à 14:00, je ressortais allégé, soulagé, découvrant le monde sans le brouillard qui envahissait mon esprit ces derniers jours et pouvant à nouveau faire des projets et envisager la suite. (Pâques avec trois jours d'avances ;o)
Deux regrets quand même, n'avoir pas demandé à garder cette dent en souvenir et n'avoir pas pensé à prendre en photo mes anges gardiennes.
Heureusement que cette dent avait attendu la fin de mon périple à ski. Autrement, c'était l'abandon assuré de ma belle balade avec rapatriement forcé vers le Sud. Finalement, tout s'est passé pour le mieux (ou le moins pire ;o) et cette douloureuse histoire finit par en rejoindre bien d'autres dans la boîte des souvenirs épicés qui donnent saveurs aux voyages.
C'est moins que Pulkinouchouchinette, mais quand même, c'est bien agréable.
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Dans la série "perte de poids", il faut que je vous dise qu'après mon dernier message envoyé depuis Tankavaara, j'ai passé une très mauvaise nuit.
Oh, pas du tout à cause de la lecture de vos commentaires ;o) mais parce qu'une dent de sagesse qui m'avait déjà taquiné par le passé s'est rappelée à mon bon souvenir le dernier soir de ma balade près du feu. Au cours de ma dernière demi-journée de ski, pas trop de problème et je n'y pensais pratiquement plus en envoyant mes messages. Mais une fois couché… Ouillouillouille !
Ce n'était pas comme une carie, sensible au froid ou au chaud, mais une douleur sourde, sensible à la pression et permanente qui, telle la houle, venait cogner régulièrement la base de ma falaise nerveuse. Cela me rappelait le fort douloureux abcès que j'avais eu il y a quelques années sous une molaire mal soignée pendant mon service militaire. Ça pouvait passer tout seul, mais ce n'étais pas guaranti. Un 2e cachet de paracétamol m'a permis de dormir tant bien que mal quelques heures mais j'ai dû remettre ça en cours de nuit.
Le lendemain, l'attente du bus dans l'air frais du matin (-16°C) m'a fait du bien, mais le voyage jusqu'à Rovaniemi fut un cauchemar. Autant dire que j'ai peu profité du paysage ensoleillé, des arbres couverts de givre, des lacs, des rivières fumantes, des collines boisées… Pareil entre Rovaniemi et Tornio à la frontière entre la Finlande et la Suède.
Deux heures d'attente après avoir passé la frontière à pied (800 m entre les deux gares routières qui m'ont fait gagner une journée de bus) et j'ai repris un 3e bus pour Luleå. Là, surprise, je suis tombé sur un fort sympathique chauffeur qui ne parlait pas Anglais (ceux de Finlande non plus) mais parfaitement le… Français !
Fehmi, Tunisien d'origine, marié à une Finlandaise, m'a fait la conversation pendant presque tout le voyage, ce qui m'a fait un bien fou, me permettant de ne plus penser qu'à la douleur (Grand merci et amical salut à toi Fehmi si tu passes par ici :o).
À Luleå, il m'a laissé à l'arrêt le plus proche du garage où j'ai retrouvé ma voiture qui a démarré au 2e tour de clé. Super, mais je n'étais plus en état de m'en réjouir.
Le temps de charger la pulka qui était restée dans la neige devant la loge du gardien (je n'avais pas voulu tester sa capacité à glisser sur le béton ;o) et je me suis retrouvé complètement abruti au volant de ma voiture glacée, dans une ville mal connue envahie de neige, de nuit, avec une heure de décalage horaire, ne sachant où dormir (pas question de retourner à cette antipathique auberge de jeunesse), avec une terrible rage de dent (qui avait quand même eu le bon goût de ne pas se déclencher plus tôt !!!! C'était ma seule consolation !) et à peine un jour et demi après être sorti de la forêt et de l'isolement des derniers jours. Quel choc !
Épuisé, je me suis rendu à la gare espérant pouvoir dormir sur le parking (payant, limité à quelques heures - raté), puis, au hasard des rues, sur un parking d'une zone de bureaux (non payant, mais isolé et éclairé par d'agressifs projecteurs… encore raté), puis, toujours au hasard, dans une petite rue calme entre des petites maisons chaleureuses et… le cimetière (Bof). Assis comme un zombie devant le volant de cet engin roulant, je me sentais absolument comme un poisson posé sur la table à côté de son bocal. Comme la voiture était toujours froide (-6°C dehors), j'ai finalement pris la décision de quitter momentanément mais au plus vite cette ville, de rouler un peu pour chauffer l'habitacle et de revenir éventuellement le lendemain si ma dent n'allait pas mieux.
J'ai pris la route du retour vers le Sud sur une chaussée rendue très glissante par une fine couche de neige recouvrant du verglas frais et après quelques kilomètres, j'ai trouvé une pancarte salutaire indiquant une possibilité de logement à Sundet (petits groupes de maisons non loin de la ville). Avec ma dent qui me faisait de plus en plus mal j'avais besoin d'un minimum de confort et cette possibilité de dormir au chaud m'a un peu redonné de l'énergie.
Mais il était déjà 20:00 et personne n'a répondu aux sonnettes que j'ai finalement trouvé aux portes de maisons chaudement éclairées.
J'y fini par me résoudre à repartir et ai garé ma voiture sur la petite route enneigée qui conduit à Sundet. D'abord manger, pour avoir les idées plus claires. À ce moment, est arrivé sur la route, à pied, un gars. Il parlait Anglais. Après interrogation il m'a dit "Oh oui, bien sûr on peut dormir à Sundet, mais il est trop tard !…" Comme j'insistais, il a quand même téléphoné au "responsable" et, après bien des palabres, m'a dit gêné que, effectivement, c'était trop tard pour avoir une chambre (incroyable), mais qu'il y avait une solution : si je retournais en ville, repassais le pond, après le feu, je trouverais un bâtiment… là, je l'ai arrêté tout de suite car j'avais compris, j'étais tombé sur l'équipe qui gère la pseudo auberge de jeunesse et le "responsable" qui venait de me "laisser à la rue en plein hiver avec une rage de dent" devait être ce type fort antipathique que j'avais rencontré à l'aller ! Pas question de fréquenter à nouveau ces charmantes personnes et de leur donner un centime de SEK de plus. Le gars est reparti vers son hameau, sorte de lieu communautaire à mi-chemin entre une secte et une colonie de vacances, me laissant avec mes problèmes.
Après avoir quand même avalé un bout de pain mou avec une sorte de crème de crustacés (les seules choses que je pouvais absorber) et bu un peu, je me suis senti mieux, l'endroit était calme et plat, la voiture enfin chaude et j'avais retrouvé le réconfort de la forêt (Curieux n'est-ce pas ? Beaucoup diraient sans doute "après la forêt, j'avais retrouvé le réconfort de la ville", mais je vous assure que ce fut vraiment l'inverse pour moi). J'ai donc décidé de rester là, à 200 m de ce lieu si accueillant, autant parce que l'endroit était finalement plaisant que pour que l'équipe charitable de Sundet voit bien ma voiture demain matin en passant sur leur route après une bonne nuit passée dans des draps chauds.
Deux cachets avant de dormir puis deux autres au milieu de la nuit m'ont permis de dormir un peu. J'ai quand même écrit dans mon carnet :
- "2:30 - La douleur est revenue au milieu d'un rêve comme une vague de crue emportant tout sur son passage. Sorti à moitié du duvet ai trouvé eau et cachets. Je ne suis en général pas trop sensible à la douleur, mais là, c'est insupportable. Demain, dentiste !
- 3:00 - La rivière a retrouvé son cours normal, les cachets font à nouveau de l'effet (pour à nouveau trois heures trente ?). Redormir absolument, avant la prochaine crise (…)"
J'ai finalement redormi jusqu'à huit heures et vers dix heures suis retourné à Luleå.
Je passe sur les détails mais j'ai finalement trouvé l'adresse d'une amie francophone de Bernadette qui pourrait sans doute m'aider à trouver un dentiste. Malheureusement elle n'était pas chez elle. Je me suis donc débrouillé (là aussi, ça mériterait tout un récit) pour finalement trouver un centre de soins dentaires (d'État) où j'ai eu un rendez-vous pour 13:00, l'après midi même. Grâce au paracétamol, j'ai même réussi à dormir un peu après mon "repas en tube", sur un parking à côté du centre.
12:40 Brossage des dents en douceur, nouveau paracétamol.
12:50 Salle d'attente.
13:20 C'est enfin mon tour.
J'ai tiré un bon lot à cette loterie dentaire où travaillent une bonne dizaine de dentistes : une jeune dentiste parfaitement charmante, efficace et anglophone et son assistante tout aussi prévenante. Première chose, expliquer mon histoire et mon périple à ski pour justifier mon allure de vagabond au pantalon usé et sale. Aucun problème !
Une radio et quelques minutes plus tard, le verdict tombe : infection sous la dent de sagesse dévitalisée, au niveau d'un pivot dans une racine fendue (je ne m'étais pas trompé concernant l'abcès). Solution possible et fortement conseillée : l'extraction !
J'ai dit oui tout de suite et à 14:00, je ressortais allégé, soulagé, découvrant le monde sans le brouillard qui envahissait mon esprit ces derniers jours et pouvant à nouveau faire des projets et envisager la suite. (Pâques avec trois jours d'avances ;o)
Deux regrets quand même, n'avoir pas demandé à garder cette dent en souvenir et n'avoir pas pensé à prendre en photo mes anges gardiennes.
Heureusement que cette dent avait attendu la fin de mon périple à ski. Autrement, c'était l'abandon assuré de ma belle balade avec rapatriement forcé vers le Sud. Finalement, tout s'est passé pour le mieux (ou le moins pire ;o) et cette douloureuse histoire finit par en rejoindre bien d'autres dans la boîte des souvenirs épicés qui donnent saveurs aux voyages.
@ suivre…